Playlist : Nougaro, Raphaël, Saez. Travaux domestiques et administratifs : Poste, banque, linge, repassage complet, tri pulls d'hiver. Photos : pluie et chats. Efforts : wii fit une heure. Bonnes nouvelles : la Fée entre dans une grande prépa parisienne. Blues : réflexion sur l'amitié.
La consigne des défis du samedi était de poursuivre la nouvelle fantastique la plus courte de F. Brown (Un coup à la porte) : "Le dernier homme sur la Terre était assis tout
seul dans une pièce. Il y eut un coup à la porte..."
Dans un premier temps,
il crut avoir mal entendu. S’être trompé. D’un geste lent, il se tourna, sans
un bruit.
Le coup recommença.
Stupéfié, l’homme
s’approcha d’un pas lourd et tremblant. Il fut si lent encore, que, pour la
troisième fois, on frappa à nouveau. Les coups étaient secs, rapides, nets.
Aucune hésitation dans le geste.
Enfin parvenu à la
porte, la main sur la poignée, l’homme sentit une goutte de sueur s’insinuer
dans son dos et glisser le long de sa colonne vertébrale. Pourtant, il se
sentait glacé.
Il tourna la poignée. Sa main moite collait à
celle-ci.
Il entrouvrit la porte.
Personne.
Personne n’était visible.
En revanche, ce que
l’homme laissa perplexe, ce fut la pluie. Il pleuvait de grosses gouttes
abondantes et irrégulières. Il se retourna avec précaution, et vit dehors, par
la fenêtre, un soleil éclatant…
Comme il est stupide,
celui-là ! Quel spécimen !
D’un autre côté, il est
drôle. J’adore lui faire des farces. Certes, j’y suis allé un peu fort avec la
fin de son monde… Mais le coup de la porte ! Qu’est-ce que ça me fait
rire ! J’en pleure à chaque fois…
Au moins, maintenant,
les Hommes ne me font plus pleurer de désespoir…
Aujourd'hui, vous le savez, il y a : les européennes, la fête des mères, la finale hommes de Roland-Garros (et accessoirement mes virtuels neuf ans de rencontre avec S). Je me suis acquittée de mon devoir civique de façon assez amusante mais aussi ridicule. Sachant que je suis toujours inscrite sur les listes électorales de mon ancienne ville, je me rends dans ce que je crois être mon bureau de vote, le n°10. Là, on m'apprend qu'en fait je dois me rendre au bureau de vote n°11, pas très loin, à cause d'un nouveau découpage administratif. Bien, soit.
Arrivée au n°11 (ça fait un peu Loto), une gentille petite dame est interloquée et suggère d'aller au n°10. Ben non, j'en reviens. Ah. Alors coup de fil pour vérifier. Finalement, je suis au bureau de vote n°37 (que l'on m'indique fort mal et je fais un tour de pâté de maison pour rien).
Moi j'dis, faut avoir envie de voter, car j'en connais qui auraient déjà renoncé.
Bref, j'ai pu m'acquitter de mon devoir civique, même sans ma carte électorale (zut et flute, où est-elle donc ? j'adore avoir mon petit tampon dessus !). J'ai eu le temps de voir l' affiche effrayante de Dieudonné (elle m'a glacé le sang), l'absence d'affichage sur certains panneaux (ça fait envie), mais aussi de constater qu'il y avait peu d'enveloppes dans les urnes... En attendant le retour de la petite dame qui causait au téléphone, j'ai aussi découvert que je pouvais voter simplement avec ma carte de prof ! C'est beau d'être fonctionnaire, parfois...
En milieu d'après-midi, j'irai voir ma mère et je dînerai avec elle, sans doute.
Cela faisait quelque temps que les propos d'un de mes anciennes élèves (aujourd'hui à Bac + 3 en psycho) me dérangeaient. En premier lieu, des messages très vindicatifs et violents à l'égard des Juifs concernant l'éternel conflit israëlo-palestinien. Des amalgames établis entre les massacres perpétués et les Juifs en général. Je n'avais fait que lire, en me sentant mal (et un peu coupable de ne pas réagir plus concrètement). Hier, elle est passée à autre chose, tout en restant dans la même veine : "l'affaire" Cohn-Bendit/Bayrou. En substance, ce qui m'a profondément choquée a été sa façon de nommer le leader des Verts : "le pédophile". Dans sa version, Bayrou est blanc comme neige, et elle porte une accusation très grave sur son adversaire. Par ailleurs, elle parle d'un "complot" entre Sarkozy et Cohn-Bendit pour évincer Bayrou. Je n'ai pas lu le livre de Cohn-Bendit qui a fait scandale à la fin des années 90. Je ne sais pas ce qui est vrai ou faux. J'ai fait des recherches, écouté les deux parties, et je me dis que je ne suis personne pour juger. Oui, les propos tenus par Cohn-Bendit sont choquants. Ils ont été écrits en 1975. Ils les a regrettés bon nombre de fois, s'excusant et parlant de provocation stupide et gratuite. D'un autre côté, je vois qu'il a tenu sa ligne politique et humaine depuis des dizaines d'années et qu'il fait partie des hommes politiques les plus directs et les plus investis. Quant à Bayrou, que j'estimais pas mal jusque-là, j'ai été désagréablement surprise qu'il ressorte un tel épouvantail quatre jours avant les européennes. Quand nous parlera-t-on de l'Europe, vraiment, et pas des petites destinées des uns et des autres ? Le vote a lieu demain et je suis totalement perplexe. Quant à mon élève, ses contacts m'ont entre autres balancé : qu'il fallait voter pour la liste anti-sioniste, que j'étais une prof dangereuse qui soutenait les pédophiles, que je "faisais mon Cohn-Bendit", j'en passe et des meilleures...
J'ai bien senti que les mots, mes mots ne pourraient rien contre tout cela. J'ai ressenti comme un échec, une faillite de mon enseignement : moi qui tente de façon utopiste d'apprendre le respect, l'ouverture d'esprit, la tolérance, le civisme... je me retrouve face à des extrêmes. Et sous tout cela, à peine voilé, cette haine contre quelqu'un qui porte un nom qui sonne juif... Si vous saviez comme cela me fait mal, même si je n'y peux rien.
Et, après tout, je fais peut-être preuve moi aussi d'intolérance. J'en arrive à me poser la question, là.
Ce matin (un lapin ! euh non), j'ai accompagné mes deux classes à une présentation du projet orchestre pour l'an prochain. Outre le manque d'organisation notoire sur les horaires (le début et la fin étant différents pour l'administration et les intervenants, hum hum, bonjour la communication), j'ai beaucoup aimé entendre les musiciennes : cor, clarinette (gros coup de coeur pas très nouveau pour cet instrument), flûte traversière (il y a longtemps, une amie en jouait et j'adorais l'écouter en duo avec une autre amie... clarinettiste), trompette, saxo.
J'ai été la seule prof à essayer les instruments (sauf la trompette par manque de temps, je le regrette). Mes collègues semblaient un peu rabat-joie (ou blasés, j'hésite). Moi, j'étais comme une gosse devant ces merveilles... Certes, je devais jouer au cerbère avec certains zozos, mais ce n'était pas grave, sur le moment.
Il paraît que je m'en suis fort bien sortie sur la clarinette. J'adore ce son moelleux et dynamique... Une vraie plainte du coeur... Et l'objet est magnifique, je trouve. Ebène et argent.
J'ai toujours regretté de ne pas avoir dit oui à mes parents quand ils m'ont proposé de jouer d'un instrument. Il n'est jamais trop tard, me direz-vous. Certes. Mais je faisais un blocage sur le solfège comme j'en ai fait un sur les mathématiques. Je m'imagine toujours saisir une guitare ou m'asseoir devant un piano à queue et pouvoir jouer ce que je désire, comme par enchantement... J'ai d'ailleurs un très bel harmonica, fort peu usé...
Bêtement, j'ai même regardé sur Ebay les prix des clarinettes d'occasion, dans l'idée de reproduire juste des sons, chez moi... La musique du coeur, vous dis-je.
La consigne des défis cette semaine était d'envoyer des extraits d'un carnet de voyage, imaginaire ou pas... Voici mon texte, intitulé City trotteuse. J'en ai eu l'idée en rentrant de mon périple parisien hier...
Je suis de tous les voyages, quand je le désire. Je
vogue dans l’espace et dans le temps.
Ce matin, j’ai commencé
par l’Espagne avec un jus d’orange, puis saut de puce vers les Caraïbes, avec
un yaourt citron vert coco. Et l’Italie, comme tous les jours, avec mes deux
espresso.
Puis direction la ville
lumière en scooter.
Quand j’enfourche mon
fidèle destrier à moteur, je me sens comme une jeune femme outrancière du
XIXème siècle qui osait monter à cheval à la cavalière. Une fois mon casque
mis, je deviens pilote d’une 500cc, ou encore spationaute, peu importe.
Ma galaxie est vaste.
Place Péreire,
Villiers, Malsherbes, Saint Sulpice, Madeleine, Opéra, le Louvre :
quartiers chics, mais leurs pavés tape-cul qui fanfaronnent tout du long me projettent
en Inde ou en Afrique.
Le long des quais, j’ai
droit à ma petite madeleine proustienne, qui me ramène des années en arrière,
quand je me baladais là, à pied…. Mais quand était-ce ? Un été parmi tant
d’autres sans doute.
Le bazar de l’hôtel de
ville, empli de bourgeois bohème, de vieilles dames qui cherchent un tapis
d’évier, mais surtout de touristes, me rappelle où je suis. Des housses de
coussins splendides m’emmènent encore en Inde, et le thé Kusmi en Russie…
L’hôtel de ville en
lui-même, d’où je ressors armée de paquets, sous ce ciel divinement parfait, me
fait penser à la piazza Navona, à Rome...
Je prends le temps de
tout admirer avant de repartir. La tour Saint Jacques, sur le trottoir gauche
de la rue de Rivoli (encore l’Italie), et c’est Breton avec sa clique. Desnos.
Soupault.
Auber, Place de Clichy,
boulevard du même nom : me voilà au Moyen-Orient, avec le roi du poulet
hallal, les odeurs de merguez, Tati qui m’appelle. Ben J, le roi de la frite,
fait ses livraisons.
Tout est parfait…
Jusqu’au moment où une berline blanche se réinsère sans prévenir. Paris. Les
voitures qui déboîtent, les deux roues qui défilent, qui défient la ville, qui
finissent en boîte…
Tati m’offre une huile
de lotus qui m’envoie en Egypte, des maillots de bain bariolés dignes de Miami,
des marshmallows américains, des t-shirts faussement punks qui me ramènent à
Londres, alors que je suis au milieu du quartier musulman…
Je repars, toujours
chargée, avec un sac posé tant bien que mal sur le siège arrière et tenu par
untendeur : je suis sherpa à
moteur.
Le temps est parfait.
Ni trop chaud, ni trop frais. A peine une brise pour de temps en temps me
caresser le visage. Je pourrais être à Madrid, Rome ou ailleurs. J'aurais
presque envie de pleurer devant tant de beauté.
Je finis mon voyage
sous le soleil de mon balcon, devant une assiette italienne. Mon petit New-York
me fait face, sans un nuage pour lui donner de l’ombre. Je termine sur deux ou
trois gâteaux que ma mère a rapportés d’Algérie : cornes de gazelle, pâte
d’amande, fleur d’oranger… Et sur un verre de menthe et de citron, qui pourrait
être un mojito… sans alcool.
Je suis en France. Je
suis partout. Je suis bien : je ne vivrais nulle part ailleurs.
6ème, contrôle sur l'accord du participe passé avec l'auxiliaire avoir.
* Alors que de jours en jours le temps passe il emballe le papier cadeau. * et juska c'est 5 ans c'étais une chipi * je les avais pin (des Landes ?) * les dessins je les pindres quand j'avais six ans * il les prendré imidiatement * pour faiter noël
Je voudrais pourvoir en rire, mais là je déprime. Après force rabâchages, exercices et explications, la meilleure note de ce contrôle sur le participe passé pour la 6ème sport est de 12,5. J'ai seulement quatre copies au-dessus de 10. J'en ai dix entre 0,5 et 6.
J'ai des hors-sujets complets, des fautes ajoutées allègrement à partir des phrases qu'ils avaient sous les yeux, des lettres en trop, des lettres en moins...
Ils vont tous aller en cinquième, réjouissions-nous.
Et nous serons encore impuissants face à leurs difficultés.
Je vais me faire une sieste, tenez : après ma nuit de cauchemars (oui, encore) et ces corrections, je le mérite...
Cette nuit, je crois que je détenais une vérité dérangeante. Une théorie dingue. Quelque chose de très sombre mais qui aurait pu bouleverser l'humanité. Je le sentais, à la lecture de certains articles. Je savais aussi que d'autres suivraient. Je lisais cela en prenant conscience de l'abîme dans lequel je plongeais, et dans lequel d'autres plongeraient après moi... Celui que je supposais être l'auteur avait un visage profondément triste. Il ressemblait à Elie Wiesel, mais aussi à Godard et Woody Allen. un subtil mélange des trois, je crois. Mais j'ai surtout retenu Wiesel, car j'ai des fragments de souvenir concernant l'Holocauste...
Deuxième malaise, 6h30
Sorte de suite du premier, car dans la même atmosphère sombre. Je suis dans une pièce quasi noire. Un seul ilot en réchappe : celui où je me trouve. Je lis encore, je crois. Plancher au sol. Une marche, une alcôve et des magazines jonchent par terre. Un chat arrive. Peut-être Vodka. Ou Clochette. Pas Cachou : le chat semble plus clair. Ou un chat que je ne connais pas encore. Je le prends dans mes bras, comme un enfant que je bercerais. Le câlin est doux, mais très court. Soudain, je sens une présence derrière moi. Pas le temps de réagir. L'homme (je sais qu'il s'agit d'un homme à sa force) m'enserre la tête et m'écrase les oreilles de ses deux mains énormes. Il serre tellement fort que je ne peux bouger la tête d'aucune manière. Je suis ainsi prisonnière : je ne peux ni voir ni entendre. Ce qui est étrange, c'est que je ne veux pas lâcher le chat : j'ai peur de lui faire mal. Et le chat (une femelle, je crois) ne bouge pas. Et je me refuse au mouvement. Je subis, impuissante.
Je gémis dans mon rêve, je crie dans mon lit. Je me réveille en sursaut, en nage, en ayant peur de ce qui est derrière moi. Cachou me regarde de ses grands yeux vert amande. Je suis seule.