J'ai un poids.
Un poireau.
Un poison.
Un poitevin.
Un petit pois.
Ou un gros.
Pouah !
Un poids, quoi.
C'est un souci sans en être un.
C'est à dire et à cacher.
C'est à évacuer et à taire.
J'ai envie de lui taper dessus, au poids.
A mains nues et au marteau.
Give me a clou.
Envie de lutter dans la boue.
Et de l'écraser dans ma bouche.
J'ai un poids qui pèse.
Lapalissade.
J'ai mon poids qui pèse.
Grimpe la palissade.
Tais-toi et marche.
Avance.
On ne s'arrête pas.
Pas au premier stop.
Poids dessus, poids dessous.
J'ai un poids qui m'alourdit.
Il empêche la légèreté.
Il ne s'arrête poids.
Il s'installe chez moi.
Sans invitation.
Il ne va poids falloir tarder :
Je dois le virer.

Une idée de poids pour le renvoyer ?

Une odeur de compote pommes-coings flotte dans l'appartement. Le dîner mijote. Des courges attendent la fin de la semaine pour être cuisinées.
Cours d'agreg cet après-midi, et la reprise fut difficile. Sans doute rien en comparaison des cours de demain.
J'ai géré de l'administratif toute la matinée. Et je suis loin d'avoir fini.
J'ai chevauché à nouveau mon beau destrier blanc nacré.
Correction de quelques copies, mais mon paquet n'est pas terminé. Tant pis.
Que d'activités pour éviter de trop penser à la distance entre Flûtine et moi...

Hier, cela faisait dix-sept ans. Chiffre totalement flou, abstrait, qui signifie beaucoup et reste assez vide de sens, pourtant.
Hier, j'ai failli culpabiliser de faire autre chose que de me consacrer au passé. Juste failli.
Hier, j'ai pris le train le long d'un lac.
Hier, je suis repartie avec de la nourriture dans les sacs, des bières locales, et du pain rond et doux.
Hier, nous avons pris la voiture sous des trombes d'eau incessantes.
Hier, j'ai bu du bouillon réconfortant avec des cheveux d'ange.
Hier, cela faisait dix-sept ans, et aujourd'hui, c'est la Toussaint.
Je n'ai pas besoin de ces dates pour penser à lui.

J'apprends à vivre sans oublier; j'apprends à avancer en souriant; j'apprends à dévorer l'existence sans la mordre.