J'ai parlé presque deux heures avec une collègue de lettres au téléphone ce matin, et cela m'a fait du bien. J'ai un peu dédramatisé, pour pouvoir reprendre les classes mardi. Ma collègue a été très franche avec moi, et j'ai eu droit à
des compliments que je n'avais jamais entendus jusque-là à mon égard.
Sinon, je laisse l'administration gérer le problème et l'enquête. En attendant, je reprends mes cours car je ne veux pas sanctionner les élèves sympa et bosseurs. N'oublions pas une chose : nous ne sommes que début octobre, et j'ai encore sept mois à passer avec mes élèves. Je ne veux pas que tout soit gâché à cause deux ou trois élèves en mal (mâle ?) de reconnaissance. Par ailleurs, le proviseur m'a fait un mail à l'instant et va agir demain. Il dit la situation "intolérable et inacceptable". Sans doute aussi parce qu'il a su que j'étais soutenue par les délégués du personnel... Mais peu importe : le message aux élèves sera d'autant plus fort : je suis soutenue par tout le monde, et toc.
Du coup, j'ai décidé de faire mardi quelque chose qui va dérouter les coupables : en rire et les remercier, puisque cela m'a permis d'avoir un bouquet de fleurs, ainsi que des témoignages d'amitié touchants.
Les surprendre est encore ma meilleure arme, surtout par le rire et l'ironie. Les autres -la majorité-, ceux qui condamnent l'acte en silence, me suivront. J'ai d'ailleurs appris que certains adoraient mes cours ! Par quoi ne faut-il pas passer pour avoir des bouquets de fleurs et/ou de compliments !
Z'êtes zentils, tous, de répondre à mon histoire barbante de rasoirs !
Pendant que je faisais 45mn de queue chez Karouf (je hais les supermarchés le samedi, mais je n'avais vraiment pas le choix pour cette fois), Ipod new-yorkais sur les zoreilles (envie de Z ce soir, cela pose un problème à quelqu'un ?), je me disais que je pouvais adopter deux positions face à tout cela :
soit jouer l'indifférence, prendre ça de haut et avec mépris, pour tuer leur goujaterie dans l'oeuf, en prenant le risque qu'ils recommencent dans une autre gamme car ils n'auront pas été sanctionnés pour ce qu'ils ont fait;
soit laisser mes collègues aller en délégation lundi comme prévu, car ils veulent monter au créneau, et faire des activités bêtes et méchantes en cours tant que rien ne sera résolu. Souci : la proviseur a menacé de convoquer les parents -que je risque de me mettre à dos-, et l'action de mes collègues risque peut-être aussi de me mettre sur la liste rouge clignotante du proviseur...
Sachant que tout au plus quatre élèves sont concernés sur les deux classes, je ne sais de quel côté faire pencher la balance. D'ailleurs, vos opinions sont très partagées sur la question, et me prouvent qu'il n'est pas évident de trancher.
Bon, je vais peut-être enfin dîner. La prochaine fois que j'aurai besoin de courses un samedi, j'opterai pour manger les croquettes des chats plutôt que d'aller chez Karouf. Mais je suis quand même contente : j'ai acheté mes premiers pomelos chinois. J'adore ça !
Par quoi commencer ? Mon état de fatigue morale et ma déception, peut-être. Ou encore ma naïveté. Ou plutôt les faits. Oui, les faits, car sinon vous ne comprendrez rien...
Hier, outre
le fait qu’une partie de la STG se faisait insolente de façon exceptionnelle
durant mon heure de cours en classe entière, un petit paquet a émergé de nulle
part vers 15h40. Une élève me l’a signalé, en m’annonçant qu’on
lui avait envoyé quelque chose.
Le paquet se trouvait
par terre, entre la rangée de droite et celle du milieu, face à moi. Une seconde élève l’a ramassé, et a lu qu’il m’était destiné. Elle a suggéré de le jeter,
ce à quoi j’ai rétorqué que je voulais le récupérer. J’ai entendu quelqu’un
dire «Si c’est un cadeau pour Mme Virgibri, il faut lui donner ».
J'ai eu la présence d'esprit de ne pas ouvrir le
paquet, l’ai posé sur mon bureau, et j’ai tenté de finir le cours. Ils étaient
très agités, et je ne voulais trop m’attarder sur cet envoi, d’autant qu’étant
de face, je n’ai rien vu voler : cela signifie donc que le paquet est
passé entre plusieurs mains avant d’atterrir par terre. J’ai eu ensuite une
légère altercation avec le Mou de la classe, et d’autres élèves m’ont alpaguée sur
la méthodologie du commentaire composé de façon assez agressive.
Ceci étant, le cours
s’est terminé cahin caha, avec d'autres prises de bec plus ou moins marquées. Je suis descendue en salle des professeurs. Une fois là,
j’ai ouvert le dit « paquet cadeau » mentionné précédemment, devant
deux collègues de lettres. Elles ont été aussi atterrées et choquées que
moi-même : le paquet, scotché consciencieusement, contenait deux rasoirs
jetables neufs, eux-mêmes scotchés à la feuille. Sur celle-ci, un « mode
d’emploi » pour utiliser les rasoirs était écrit en capitales
d’imprimerie, avec nombre de fautes d’orthographe, au stylo à bille bleu clair.
Le caractère insultant
des propos ne me paraît pas être le plus grave : c’est la préméditation et
la volonté d’intimidation que je trouve fort inquiétantes –à mon égard, et en
règle générale.
Le paquet avait été
préparé à l’avance, les rasoirs ont été achetés dans ce but, tout a été calculé
pour que cet événement arrive un vendredi soir, en fin de cours, alors que la
classe avait fini sa semaine et ne me revoit que le mardi suivant en demi
groupe. La symbolique du rasoir
est aussi très dérangeante, à mon sens. Ce n’est pas n’importe quel objet qui a
été glissé là.
Ceci étant, je suis allée voir le proviseur et l'adjoint illico, sous le choc mais n'ayant pas encore bien réalisé les faits. Le comble, c'est qu'à un moment donné, la proviseur m'a renvoyée dans la ligne des trente mètres, comme si mes interrogations étaient illégitimes. Je suis restée très calme mais ferme, et n'ai pas démordu quant à la gravité du geste. En face de moi, aucune réaction quelconque de sollicitude ou d'empathie. Pas une fois on ne m'a demandé si j'allais bien. Bilan : un rapport à faire, chercher à reconnaître les écritures, et on se croise demain. Hop-là, emballé c'est pesé. Un peu abasourdie et les jambes en coton, j'ai redescendu les étages pour repasser par la salle des profs. Mes collègues m'attendaient et culpabilisaient de ne pas m'avoir accompagnée. Là, je me suis sentie moins seule, et c'était une première depuis quelques années -mes années TZR, quoi. Ce matin, donc, j'ai croisé le chef qui m'a gratifiée d'un "J'ai bien reçu votre rapport" et nous a laissés en plan dans la salle des profs, mes cernes et moi.
Sonnerie de première heure. J'entre dans la salle de classe, j'installe mes affaires, les élèves de ES entrent. Comme je
compte quelques retardaires, je sors quelques secondes dans le
couloir, pour regarder qui arrive. De retour à mon bureau, stupeur : un rasoir jetable y trône, accompagné
d'un mot scotché du même acabit qu'hier (sauf que là, on me suggérait de me
raser de haut en bas, je cite).
J'ai envoyé un délégué chercher le proviseur. Celui-ci m'a d'abord dit de
"faire un rapport". J'ai posé une question rhétorique du type : "Parce que là je
dois leur faire cours comme si de rien n'était pendant deux heures ?" Il a
hésité environ cinq secondes, et a dû prendre la mesure de la chose -enfin.
Il est entré, a annoncé que tant que rien ne serait démêlé, il n'y aurait
pas de cours de ma part : les élèves ont donc planché sur un commentaire, que je
leur destinais initialement en devoir maison.
Au bout d'une heure, le proviseur a demandé à voir les délégués. Ensuite,
il est revenu à 9h45 pour savoir si nous avions une réponse et imposer un délai
pour résoudre l'affaire. Entre temps, une collègue, choquée hier soir, m'a déposé un bouquet de fleurs en guise de soutien. J'ai trouvé cela adorable. A midi, personne n'était venu se dénoncer ni témoigner en ES. Les élèves de STG n'ont pas cours le samedi, ce qui les arrange pour l'instant. Bilan du jour : des collègues extra, qui vont faire front lundi, exiger des résultats et une prise de conscience à l'administration (je précise que je n'ai rien demandé), des cernes un peu plus marqués, des suspicions qui vont m'enquiquiner un temps, de la déception, des remises en cause...
Je devais sortir cet aprèm pour faire réparer mon scooter, mais je sens bien fatiguée, là.
Aujourd'hui, les STG m'ont fait un cadeau surprise. Du genre cadeau empoisonné, qui cherche à m'intimider et qui est menaçant. Je dois rédiger le rapport officiel ce soir. Vous aurez plus de détails dès que je le pourrai. Une chose me fait du bien, cependant : mes collègues me soutiennent, et cela m'est fondamental.
Edit de samedi, 13h30 : rebelote ce matin, avec une autre classe... Je me remets, je déjeune puis je raconterai...
Au milieu des copies, quelque chose de fort mignon : "La vérité n'est pas toujours bonne à attendre." On pourrait presque en faire un titre d'émission radio ou télé.
En tête depuis hier, car entendue en rentrant du lycée, cette chanson de Lenny Kravitz. Elle a des airs de Barry White, je trouve, et de Stevie Wonder. Si j'étais attirée par les hommes, Lenny serait dans mon panthéon. Je l'ai vu une fois en concert, et punaise, il est impressionnant. En fait, quand j'y pense, certains compagnons de Vanessa Paradis auraient été à mon goût : Johnny Deep est dans mes préférés... La garce !